mardi 20 décembre 2016

Réminiscences de l’art premier aux Pyramides

Le samedi 10 décembre 2016, une cinquantaine de collégiens des collèges : Pyramides d’Evry, Jean Vilar et Sonia Delaunay de Grigny, se sont rendus en car au Musée des Arts Premiers, quai Branly à Paris. Ce fût une réelle découverte pédagogique, en un espace contenant 300.000 objets primaires des civilisations des Quatre continents (sauf l’Europe). La culture primitive questionne aujourd’hui le jeune citoyen d’Evry, car faisant remonter dans leur subconscient ancestral les interrogations existentielles, refoulées par nos sociétés « post-modernes » : Y a-t-il un Dieu qui a créé la terre ? La souffrance et la mort peuvent-elles être vaincues ? Y aura-t-il une fin du monde nous conduisant à un avenir éternel ?


Pendant une heure et demie, la conférencière, au regard de quelques « sculptures-phares » des quatre continents, synthétisa la façon dont une peuplade construit un imaginaire collectif : mythes religieux qui procurent à l’autochtone  les premiers éléments de compréhension de l’Univers, les symboles qui l’aident à vivre en accord avec les forces de la nature et les membres de la tribu, les récits fondateurs qui assoient l’autorité d’un chef de village, les lignages différents qui constituent la Communauté. L’objectif recherché, par-delà les continents, dans ce vieux fonds commun de l’humanité, est d’aboutir à une pensée globale et universelle, permettant le développement intégral de chaque membre de la tribu.

Ces cinquante jeunes, sagement assis, ont pris conscience de leur riche mémoire symbolique, exprimée dans les objets d’art, et constituant leurs racines culturelles familiales, comme une actualisation de leur temps ancestral. La magie de l’endroit a fait advenir un esprit tutélaire, s’imposant à eux, au-delà de leurs repères citoyens, et de la pure pensée rationnelle de notre société. Ils se sont sentis chez eux, valorisés par leur passé, ayant un témoignage à donner.

Toujours très attentifs, ils ont relativisé les critères esthétiques et éthiques de notre civilisation : une jolie femme n’est pas obligatoirement maigre ! il est possible de parler de religion, dans un espace public. De même, la culture n’est pas que de l’émulation savante et élitiste, mais un savant dosage de cultuel (la religion), de cultural (le produit issu de la terre), de culinaire (les ustensiles et plats décorés), de corporel (la parure, le bijou ou le tatouage).
En leur jeune intelligence de collégien, cela les a ramené à leur vie dans le quartier des Pyramides, où ils ont la sensation d’être « hors-sol », réfugiés à l’intérieur de leur tablette tactile, subissant une instrumentalisation passive, qu’il fallait exorciser. Dans notre quartier qui est au bord de la rupture sociale, et connaît un affaissement démocratique, cette visite a ressoudé notre communauté de destin et renforcé la vocation culturelle de notre habitat, tel que les premiers concepteurs du quartier l’ont désiré, et exprimé par les nombreuses sculptures d’art premier qui structurent notre quotidien (le dragon d’Yvette Vincent-Alleaume, le Déambulatoire de Gérard Singer, la Sculpture sonore de Bernard Baschet, la Momie d’Yvette Vincent-Alleaume…)
Un déjeuner préparé par des mamans bénévoles fut partagé au local de l’association RERS® des Pyramides. L’appétit joint à la bonne humeur générale s’exprima par un remerciement à la Société TICE, au collectif des parents du Collège des Pyramides, à l’association RERS®, au Collège des Pyramides et ses professeurs.

Jean-Pierre Grall

le 10 décembre 2016.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire